Dossiers > Les camping-cars en généralLa conduite économique appliquée aux camping-cars
Qu'est la conduite économique, pourquoi, comment ?
En changeant nos pratiques de conduite, on peut arriver à une économie de carburant de 1 à 5 litres de gazole au cent kilomètres, pour nos camping-cars.
Après un apprentissage, une fois les bons gestes assimilés, d'autres gains sont à espérer: moins de fatigue du conducteur et de ses passagers, moins d'usure des freins, de la transmission, de l'embrayage, des pneus.
Les 5 litres d'économie de gas-oil sont possibles pour ceux qui ont le pied lourd. Pour les plus calmes, les 1 litres sont très réalisables.
Qu'est ce qui fait consommer ?
a) une masse importante qu'il faut arracher de l'immobilité
b) la résistance de l'air
c) les frottements mécaniques
Nous ne pouvons pas beaucoup alléger nos camping-car, ni modifier leur aérodynamisme; pourtant, par une conduite optimisée, nous pouvons réduire les effets de masse et d'air.
Voici quelques conseils pour la conduite de nos camping-car, ils restent valables pour l'automobile et le poids-lourd.
La vitesse
Les cyclistes connaissent bien le phénomène: passé 20 km/h, chaque km/h supplémentaire demande un effort de plus en plus important: La résistance de l'air augmente avec le carré de la vitesse.
Par exemple, elle quadruple quand on passe de 50 à 100 km/h.
C'est d'autant plus sensible que nos camping-car ne sont pas très aérodynamiques. Même ceux appelés "profilés", car ils n'ont pas été optimisés en soufflerie.
En réduisant votre vitesse de 90 à 80 km/h sur route, c'est une économie de 15%. Et l'allure reste acceptable.
Mieux: Sur les voies rapides, ne cherchez pas à rouler à 130 km/h (16L/100 km). Maintenez-vous à 100/110. Le régulateur est parfait pour cela.
Le camping-car est un véhicule de loisir, de découverte, un mode de vie plus qu'un moyen de transport.
Dans les conseils qui suivent, nous appliquerons une allure très acceptable, rapide mais sans précipitation. Conduire économique n'est pas se trainer, c'est beaucoup plus subtil comme vous allez le voir.
Les rapports de vitesse, le régime moteur
Nos moteurs expriment leur couple maximum aux alentours de 2000 tr/mn. C'est aux mêmes régimes que leur consommation est optimale.
On évitera le sous-régime (en dessous de 1400 tr/mn), particulièrement dans les démarrages et cotes. Un sous-régime prononcé abime la mécanique et n'induit pas d'économie d'énergie, le carburant étant alors mal brulé.
On évitera également les sur-régimes (au dessus de 3000 tr/mn).
Autant que possible, on ne restera pas sur les rapports intermédiaires.
Le plus rapidement possible, on passera la dernière vitesse (5eme ou 6eme).
à savoir: on consomme moins à 70 km:h en 6ème qu'à 40 km:h en 4ème. Donc rouler pépère oui, mais sur le dernier rapport.
La gestion des intersections: Anticiper
On le sait tous: c'est en ville que les véhicules consomment le plus. Pourtant la vitesse moyenne n'y est que de 25 à 30 km/h. La résistance de l'air n'influe pas.
L'ennemi, en ville, c'est la succession de relances, toujours très gourmandes. Arracher le camping-car de l'immobilisme demande énormément d'énergie, beaucoup plus que pour le maintenir à vitesse constante.
Sur route, c'est pareil, avec la multiplication des ronds-points.
Apprenons à gérer cela. Le maitre-mot est "
anticiper".
Il y a mieux à faire que d'arriver à fond sur un feu, un Stop ou un giratoire, en freinant puissamment, puisqu'il faudra ensuite relancer le véhicule.
L'idée est d'anticiper. Le plus tot possible, quand les panneaux annoncent un giratoire ou une toute intersection, ou encore quand on décèle un ralentissement, lever le pied.
Là, tout est question de dosage; l'idée est d'arriver sur le Cédez le passage en conservant assez de vitesse pour le passer sans avoir à relancer.
Rouler doucement, sur l'élan, en attendant que le feu repasse au vert.
Cette conduite "coulée", épargne le carburant, mais aussi les freins. Et même le temps, car vous franchirez l'intersection plus rapidement que le Jacky qui a pilé sur les freins.
On peut ainsi, avec un peu d'habitude, ne plus se servir des freins, ou très peu, en utilisant le frein moteur, même en 5eme ou 6eme. Lorsque le moteur est en décélération il ne consomme pratiquement pas (coupure d'injection).
Les autorités pourraient repenser certaines intersections équipées à tort de Stop alors qu'un Cédez le passage serait plus approprié. On y gagnerait en pollution, consommation, fluidité de trafic et même sécurité en diminuant la période dangereuse où le véhicule est dans l'intersection en prise de vitesse.
Egalement, certains Cédez le passage, avec une mauvaise visibilité, s’accommoderaient mieux de Stop.
En compétition, c'est "
si tu freines, t'es un lâche !". En conduite éco2, c'est "
Si tu freines, tu gaspilles !";
Inutile de descendre toutes les vitesses. Par exemple, passez directement de 5eme en 3eme, ou de 3eme au point mort, ou 6e 4e 2e, une sur deux...
En laissant le régime moteur descendre à 1000/1200 tr/mn c'est très facile et en plus cela réduit l'usure de l'embrayage. Sur un poids-lourd à boite manuelle, il peut y avoir jusqu’à 24 vitesses, plus les intermédiaires. Heureusement qu'on en zappe certaines.
La gestion des montées: Anticiper
De même que d'arracher une masse de l'immobilisme requière beaucoup d'énergie, maintenir sa vitesse en cote est également énergivore.
Là, il va falloir faire preuve de sensualité avec l'accélérateur, savoir le caresser juste ce qu'il faut. Pas facile, car chaque montée est différente, en longueur et en profil.
La difficulté va être de maintenir une vitesse acceptable, disons 90 km/h, et de limiter sa chute pour terminer la cote 10 km/h moins vite, pas plus.
Si on accélère trop fort, on arrive trop vite en haut de cote, on dépasse la vitesse d'origine quand la route devient plate, on sur-consomme.
Si on n'a pas accéléré assez, on arrive en haut à 60 km/h... et on se traine. Si la cote est encore longue, on n'a pas d'autre choix que de ré-accelérer, avec une très forte sur-consommation de fuel.
Si vous voyez que la vitesse est trop forte en milieu de cote, ne relachez pas brutalement; vous casseriez votre élan. Relachez très peu l'accélérateur, juste ce qu'il faut pour amoindrir la vitesse sans avoir à ré-accelerer.
Quand vous apercevez la fin de la cote, relachez doucement l'accélérateur. Le but est d'éviter la sur-vitesse quand la route devient plate. Personnellement, je confie le travail au régulateur.
La gestion des descentes
Sur routes vallonnées, profitez du relief descente/montée pour prendre un peu d'élan, permettant de grimper le début de la montée sans effort.
Quand j'en vois qui freinent dans les descentes, sur routes droites, ça me fait mal. Bien sûr, cela ne s'applique pas en montagne ou sur toutes routes en lacets.
Il faut savoir que d'accélérer dans les descentes est peu consommateur, il faut en profiter.
Malheureusement, certains fonctionnaires trouvent malin d'y placer leurs radars.
En montagne, ou sur toutes fortes pentes, utilisez votre frein moteur. Il est d'usage de conseiller d'utiliser le même rapport en descendant que celui que l'on aurait utilisé en montant. A un ou 2 rapports près, c'est vrai.
Ca fait hurler le moteur ? N'ayez pas peur de faire rugir le diesel jusqu'à 3500 tr/mn, c'est bruyant mais non destructeur.
Ca fait consommer ? Non, très peu sur les moteurs anciens, et pas du tout sur les moteurs modernes dont l'injection est alors coupée.
Descendre sur le frein moteur: épargne l'usure des freins, ne consomme pas de carburant.
Descendre sur les freins, au point mort, peut être très dangereux. Très chauds, ceux-ci perdent toute efficacité: fading.
La gestion de la température
Pour éviter de casser le turbo-compresseur qui équipe tous les camping-car depuis 1995, ne pas couper le moteur immédiatement après avoir sollicité le turbo; Par exemple, après avoir grimpé une cote, laisser tourner quelques secondes pour lubrifier et ventiler et refroidir le turbo.
De même, il faut savoir qu'un moteur s'use autant pendant les 4 premières minutes, à froid, que pendant les 100 kilomètres suivants. En effet, à froid, l'huile n'a pas atteint son point de fluidité, les éléments métalliques, non dilatés, n'ont pas leur dimension optimale, le carburant est mal brulé...
Pendant ces mêmes 4 minutes, la consommation sera considérablement augmenté, de l'ordre de 30%.
On veillera donc à réduire le nombre de petits trajets, où à les regrouper.
Faire tourner le moteur pour le faire chauffer ? Non. Rouler dès le démarrage, sans forcer tant que le moteur n'a pas atteint les 70°c.
A savoir: depuis 2000, tous les Mercedes Sprinter sont équipés d'une chaudière Erbaspacher permettant de préchauffer le moteur.
Faire tourner le moteur pour recharger les batteries ? Une batterie plomb se charge à 80% en 10 heures. En laissant tourner au ralenti 10 minutes: la recharge sera faible, et le moteur aura fait un démarrage à froid pour rien.
La gestion des arrêts
Pour tout arrêt prolongé, plus de 50 secondes, couper le moteur, à moins que votre véhicule ne démarre à la manivelle. Rien de plus agaçant que respirer les gaz d'échappement d'un moteur que l'on laisse tourner le temps de prendre le pain, de retirer de l'argent au distributeur, ou tout autre "arrêt minute". Au ralenti, un moteur consomme 2 litres/h. Pourquoi laisser tourner ?
Le vieux dicton que l'on lançait crânement à chaque calage "et vlan, 1 litre !" était de mise dans les années 60. Depuis la technologie a évolué. Les système "Start & Stop" permettent même d'économiser du carburant.
De plus, c'est répréhensible:
www.autoplus.fr
La gestion des autres: Laisser passer
Votre camping-car n'est pas une voiture, encore moins une moto. Acceptez-le. Les voitures modernes incitent à une conduite "pied-lourd", grace leur puissant et surtout coupleux moteur diesel Hdi ou Dci. Oubliez, vous ne pourrez pas suivre le train.
Votre camping-car pèse 2 à 3 fois plus lourd, il est normal qu'il ne reparte pas comme une bombe, ou que sa vitesse chute un peu en cote, même avec 150 ch.
Les automobilistes le savent bien.
De même sur route, inutile de cravacher. Quelle que soit votre vitesse, les automobilistes voudront vous dépasser, pour dégager leur horizon.
Je me fais parfois dépasser par des camping-car lancés à vive allure. Et assez souvent, je constate que c'est de la location...
Limiteur et régulateur de vitesse
Pour le confort, l'utilité du régulateur de vitesse n'est plus à prouver. Bon ou mauvais pour la consommation ?
Bon: car il évite les sur-vitesses, dépassements involontaires de la vitesse fixée, évite les relances en cote;
Mauvais dans les cotes fortes avec boite automatique: il accélère coute que coute pour maintenir l'allure quitte à descendre un voire 2 ou 3 rapports !
L'ordinateur de bord: calculer sa conso
Si vous avez un ordinateur de bord (Porteurs après 2007), affichez la consommation instantanée: vous serez étonnés de la consommation lors des démarrages, ça dépasse parfois 25 litres/100 Km. C'est un bon outil pour apprendre à accélérer juste ce qu'il faut.
Egalement, observez-le sur les accélérations en descente...
Par contre, les indications en matière de consommation moyenne sont à prendre avec réserve.
Préférer le calcul de plein à plein. Vous pouvez les faire sur ce site très facilement. Pour cela, cliquer sur le menu de gauche "Mes photo blogs", créez un blog camping-car. En bas de page, saisissez vos pleins. Voici un exemple:
Rapido 966M - 2005.
L'aérodynamisme
Nous ne pouvons pas re-carrosser notre camping-car, mais il faut prendre en compte, lors de l'installation d'accessoires extérieurs, de leur aérodynamisme: panneau solaire, antenne hertzienne ou satellite, coffres, galerie, échelle...
Les dispositifs miracles
Ils ne sont pas liés à la conduite, donc ce n'est pas le sujet de l'article.
En résumé
- Anticiper les arrêts et ralentissement (conduite coulée),
- Eviter de rouler sur les rapports intermédiaires,
- Passer rapidement le dernier rapport, et rouler entre 60 et 90 km/h,
- Ne pas relancer dans les cotes (anticiper).
Ps: j'ai appris la conduite économique avec mon père, champion de France du concourt Anti-gaspi 1982.
La consommation de mon lourd intégral Esterel de 156 cv, 2001, s’établit à 10,6L/100 km sur 30.000 km.
On doit pouvoir faire mieux avec un profilé moderne !
Cet article est une synthèse des conseils de
Sacados et
Le-Mic, que je remercie au passage, et de moi-même.
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Le gaz en camping-car
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